Bousiller des photos pour faire des sculptures

L’artiste allemande Christiane Feser découpe et plie des photographies pour créer de larges panoramas abstraits. Son exposition personnelle à la Von Lintel Gallery de Los Angeles présente plusieurs séries de ses Photoobjects. Accrochés dans des cadres blancs, ces paysages de papier sont de véritables trompe-l’oeil, donnant l’impression d’un effet 3D sur une surface plane sous un certain angle, puis révélant leur structure sculpturale depuis un autre point de vue.

Dans Partition 46, une toile de cubes ouverts qui s’assombrissent vers le centre agit comme un vortex prêt à avaler le spectateur. Les angles tranchants de Partition 44 semblent danser sur la toile tandis que Partition 42 ressemble à une maquette architecturale surchargée, comme une image à vue d’oiseau de paysage urbain dangereusement dense.

Les objets prennent leur forme finale après de nombreuses manipulations. Avec sa formation de photographe, la force de Freser tient dans l’équilibre des ombres et lumières. Après avoir créé ses compositions de papier plié, explique-t-elle à The Creators Project, elle utilise « les lumières du studio, des flashes et parfois la lumière naturelle pour ajouter des ombres particulières aux formes pliées » et, ensuite, elle les photographie.

Freser contrôle tout le procédé photographique, même sur la source des tirages. Le choix du papier est crucial, le médium final devant agir comme les structures de papier initiales. Le tirage qui en résulte est ensuite découpé et plié, transformant les photographies en objet en trois dimensions.

Feser travaille sur cette veine depuis 2011, quand sa série Latente Konstrukte a pris forme. « Mon intention était de créer des photographies qui n’ont pas de lien directe avec un objet ou un instant en particulier, comme les photographies le font normalement. Je voulais rendre cette relation plus complexe. » Elle a commencé à photographier des constructions de papier intriqué qu’elle faisait. « J’ai eu besoin de temps pour réaliser que les pièces en trois dimensions créées pendant ce temps étaient intéressantes et suffisamment fortes pour se suffire à elles-mêmes », se souvient-elle.

Pour son prochain projet, Feser prévoit une installation in situ qui reliera photographie et architecture. « Le papier-peint y jouera un rôle important », glisse-t-elle. Une suite logique pour une artiste qui pousse les textures bien au-delà de leurs limites actuelles.

Les Photoobjects de Christiane Feser sont visibles à la Von Lintel Gallery à Los Angeles jusqu’au 30 avril 2016. Pour voir ses autres travaux, cliquez ici.