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Quand l’intelligence artificielle fait dialoguer art et photojournalisme

Le programme Recognition, IK Prize 2016, explore les collections de la Tate Britain de Londres avec les photos de l’agence Reuters.
Left, Construction takes place next to the Changi Airport control tower for Project Jewel in Singapore, August 17, 2016. REUTERS/Edgar Su. Right, L.S. Lowry. Industrial Landscape. 1955. Tate. Presented by the Trustees of the Chantrey Bequest 1956. © The estate of L.S. Lowry/ DACS 2016.

Misant sur l’innovation, la Tate Britain de Londres entend explorer ses vastes collections de peinture avec le photoreportage grâce à un programme d’intelligence artificielle. Une démarche originale qui a été récompensée par l’IK Prize 2016 — un prix attribué à un projet mettant en valeur l’expérience muséale grâce aux nouvelles technologies. Ce projet, intitulé « Recognition », est basé sur un algorithme varié, qui compare les similitudes entre les œuvres d’art des collections et les photos d’actualité de Reuters.

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Le programme opèrera pendant trois mois pour donner lieu à une galerie virtuelle d’œuvres passées et présentes. Il fonctionne en quatre étapes de reconnaissance : objet, faciale, composition et contexte. L’équipe derrière Recognition est un centre de recherches en communication basé en Italie, Fabrica, qui travaille dans différentes domaines de narration numérique. Lors de l’inauguration du projet, l’équipe a dit être impatiente de « voir quelles liens inspirants, révélateurs, drôles ou provocateurs Recognition dévoilera entre le monde représenté dans l’art britannique et les actualités. »

À gauche : Bassin d'Arcachon, 16 août 2016. Reuters/Regis Duvignau. À droite : Henry Scott Tuke, August Blue, 1893–4. Tate.

Récognition associe ainsi un paysage industriel de L.S. Lowry de 1955 à l’aéroport Changi de Singapour. « L’intelligence artificielle est loin de celle d’un cerveau humain, que ce soit un expert en art ou pas », dit Tony Guillan, directeur de l’IK Prize. « La sophistication et la flexibilité de nos cerveaux permettent de considérer de nombreuses choses en simultané tout en puisant dans nos mémoires, nos émotions, nos humeurs et nos personnalités. L’intelligence artificielle ne peut pas faire ça mais ce qu’elle essaie de faire ici est de prendre quatre critères simples et les assembler à la façon d’une réflexion humaine. C’est une simulation d’une compréhension humaine. »

L.S. Lowry, Industrial Landscape, 1955

Recognition permet aux utilisateurs d’établir leurs propres correspondances entre peintures et photographies, enrichissant ainsi l’algorithme dans l’espoir de le nourrir des expériences humaines individuelles. Si le photojournalisme est ordinairement vu comme une fenêtre ouverte sur le monde, le comparer avec des œuvres d’art soulève des questionnements intéressants. « Ce que j’aime dans Recognition c’est que ça soulève des questions de philosophie fondamentale », dit Guillan. « Représentons-nous le monde différemment dans une peinture que ce que nous le faisons aujourd’hui ? Est-ce que le monde est représenté de manière différente selon le médium utilisé ? Est-ce que l’art est pertinent ? »

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Aéroport Changi à Singapour, 17 août 2016. Reuters/Edgar Su.

L’équipe de Fabrica a ainsi remporté le prix chapeauté par la Tate et Microsoft — 15 000£ et une enveloppe de 90 000£ pour la production du projet.

À gauche : Bombay, Inde, 17 août 2016. Reuters/Danish Siddiqui. À droite : Sir Peter Lely, Two Ladies of the Lake Family, c.1660. Tate.

Recognition sera présenté à la Tate Britain jusqu’en novembre. Cliquez ici pour avoir plus d’infos sur le projet.

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