Un classement des musées selon leurs audioguides
Toutes les photos sont de l'auteur.

FYI.

This story is over 5 years old.

Culture

Un classement des musées selon leurs audioguides

J’ai fait le tour de quelques musées parisiens en les jugeant uniquement selon le critère le plus chiant : les audioguides.

Pour les amateurs de culture, les aficionados des visites guidées, les touristes et les vieux, les audioguides sont indispensables. Ce n'est pas mon cas. Dans les musées – et comme au cinéma – je n'aime pas discuter et j'aime encore moins quand on me parle, que ça soit un humain ou un robot. Je savoure les musées pour une raison : je me sens comme dans une prison. Seul. Une exposition, c'est un espace d'isolement : on déambule d'un mur à l'autre, on découvre l'art des Hommes, on admire, on ressent, on regarde, on s'inspire. Parti de ce constat, les audioguides, il faut que je vous le dise tout de suite, je n'ai jamais pu les sentir. Pourtant, la semaine dernière j'ai fait le tour de quelques musées parisiens pour donner une chance à ces machins d'un autre âge, voir s'ils étaient aussi nazes qu'ils en ont l'air, ou s'ils étaient en réalité indispensables. Déjà, premier constat : tous les musées n'en ont pas. Et quand ils en ont, tous les audioguides ne se valent pas. Alors pour en savoir plus sur ces boîtiers bourrés d'informations, je m'en suis tapé quelques-uns, puis j'en ai fait un classement. Voici mes impressions.

Publicité

LES ARTS DÉCORATIFS
Je suis allé jeter un œil au musée des Arts Décoratifs. La seule expo qui me tentait, Bauhaus, n'avait pas d'audioguide – « seul l'exposition permanente possède son audioguide » m'a indiqué le type de la billetterie. J'ai donc opté pour la visite de l'expo permanente, à contrecœur. Niveau design, l'audiophone ressemble à un talkie-walkie ou à une ancienne télécommande TV, ou la fécondation des deux : un bébé de 700 grammes, pas loin. L'engin pend autour du cou par une sangle – j'ai d'ailleurs dû écourter l'expo à cause de son poids. L'exposition commence par la partie Moyen-Âge. La salle baigne dans une lumière légère qui délimite les contours des chaises gothiques pendant que le talkie-walkie, en préambule, crache une musique médiévale à moyen volume.

Déjà, la visite s'annonçait longue. Une voix linéaire d'homme, à la fois grave et distincte, me raconte l'Histoire. J'évolue dans la culture, dans son jus. À la première écoute, j'ai trouvé la qualité sonore assez agréable, mais c'était absolument infernal au bout d'une heure. Point positif : l'audioguide est hyper simple d'utilisation, même pour un non-initié comme moi : option play, stop, et volume. De manière générale, il présente un vrai plus à l'expo niveau information. J'ai même trouvé que l'exhibition sans audio guide n'aurait eu aucun sens.

Prix : Gratuit
Innovation/design : 0.5/5
Informations : 5/5
Encombrement: 1/5
Voix : 2.5/5 Note générale : 2,25

Publicité

CENTRE POMPIDOU
J'ai tout récemment changé mon vieux SAMSUNG à clapet pour un Smartphone. J'ai douté de ce changement jusqu'à ce matin, quand j'ai réalisé que sans cet upgrade je n'aurais pas pu écouter les commentaires sur l'œuvre géniale de Cy Twombly. Il n'y a effectivement pas d'audioguide au Centre Pompidou, c'est une application – à télécharger gratuitement avec le wifi gratuit du musée. L'application permet d'écouter les commentaires audio des expositions temporaires – ce qui n'est pas le cas aux Arts Décoratifs ou au Palais de Tokyo par exemple. Son principal point fort, donc, c'est son innovation.

J'appuie sur PLAY, la voix qui sort de mon portable est mécanique, voire robotique. L'introduction de l'expo ressemble à la lecture d'un dictionnaire. Suit une citation de Mallarmé de trois minutes lue passionnément. Je me trouve dans l'enfer du commentaire artistique et subjectif ! Heureusement, les commentaires reprennent une tournure explicative et historique deux tableaux plus loin. Niveau explications, j'ai donc alterné entre grincement de dents et bonne surprise. En somme, ça pouvait aller. J'ai eu un bug de lecture 2.0 qui m'a fait regretter mon vieux tel à clapet, mais dans l'ensemble la plateforme digitale mise en place est ultra-efficace. Prix : Gratuit
Innovation/design : 5/5
Informations : 3/5
Encombrement: 5/5
Voix : 2.5/5 Note générale : 3,9

MUSÉE PICASSO
J'ai vu des types avec des écouteurs standardisés dans le hall de la billetterie. Je pensais faire la visite avec une sorte de mp3, comme eux. Mais pas du tout ! L'audioguide a un look de gourdin et ressemble à un détecteur de métaux. Je portais un manteau en cuir trop large ce jour-là et avec l'audiophone en main je ressemblais à un videur ou un mec de la sécurité. En ce qui concerne la voix, il y a une belle parité – ils sont, contrairement au design, dans l'air du temps. Les explications oscillent entre voix de femme et voix d'homme – des voix de radio, ce qui est agréable. Les renseignements sur les œuvres sont sobres, directs et clairs. En gros, l'audio reprend les explications écrites sur les murs en ajoutant quelques infos supplémentaires. Ça permet de ne pas faire la queue pour lire les introductions de pièces sur les murs et déambuler librement. Au 3e étage l'audiophone cale par moments. J'interpelle un agent de sécurité – on aurait dit un collègue – qui me confit « on me dit parfois que l'audioguide ne marche pas dans quelques salles, il y a un problème avec certains modèles je crois ». La matraque en main, je termine la visite – une visite de 1h30 avec l'audioguide, soit une durée idéalement calculée. Prix : 3 euros
Innovation/design : 1/5
Informations : 5/5
Encombrement: 2/5
Voix : 4/5 Note générale : 3

Publicité

MUSÉE D'ORSAY
L'audiophone est à 5 euros. Je ne l'aurais, en règle générale, pas pris à ce prix-là, mais pour les besoins du journalisme, j'ai raqué les cinq balles. Est-ce que ça valait le coup ? Ouais ! Est-ce qu'ils peuvent s'en passer considérant les douze balles du prix du billet ? Absolument ! Tout d'abord, je dois dire que j'ai apprécié sa dimension réduite, son poids, et sa lanière épaisse et agréable qui glisse sur le cou. Son design classique n'ajoute ni n'enlève à son sex-appeal. C'est un boîtier noir, en somme. Rien de plus. Ils ont toutes les langues possibles et l'appareil est disponible aussi bien pour l'expo permanente que pour les expos temporaires. Deux autres points positifs.

Ça doit être la raison pour laquelle un quart des visiteurs – étrangers pour la plupart – portent un de ces prototypes autour du cou. Les explications sont variées – verticales, horizontales et transversales ! – et alternent entre infos historiques et citations. Certaines sont même accompagnées d'une musique classique au piano. Quel swing ! J'ai passé une heure à faire les salles où sont exposées Courbet et Manet, à écouter des cours d'histoires de l'art devant les œuvres originales. Pour une surprise ç'en fut une ! Les tableaux sont expliqués – au niveau historique et symbolique – en quelques minutes. C'est, selon moi, un accessoire essentiel pour faire ce musée correctement Prix : 5 euros
Innovation : 3,5/5
Informations : 5/5
Encombrement: 4,5/5
Voix : 5/5 Note générale : 4,5 Ma conclusion ? Les audioguides changent radicalement d'un musée à l'autre. Mais, en général, quand les musées en mettent à disposition, on apprend pas mal de trucs géniaux – signe que malgré son aspect contraignant, ce système a des qualités indiscutables.