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Culture

L’univers de Pony ne s’arrête pas à Montréal

On a discuté monde en carton, Rap Genius et Mario Kart avec Gabrielle Laïla Tittley, la fille derrière Pony.

Il en faut des dinos à doubles têtes, des bananes-dauphins, des rappeurs cuculs et des paresseux pour amuser l’œil désabusé de l’adulescent que je suis. L’illustratrice montréalaise Gabrielle Laïla Tittley alias Pony sait comment s’y prendre. Utilisant la spontanéité de son trait, qu’elle accompagne souvent de punchlines qui semblent sortir d’une track de R&B des années 90, elle insuffle tous les produits qu’elle décline (tee-shirts, sweats, cartes de vœux, impressions ou coques d'iPhone…) d’une aura magique qui transpire la joie et la bonne humeur. Toi qui crois dur comme fer que 50 cent est un des boss du rap-game et que Space Jam est un sommet : rejoins son club optimiste !

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On est tous conscients du “capital cool” de notre Pony locale à Montréal, si bien que Sid Lee Collective, épaulé par LM Chabot et Camille Boyer, a récemment mis la main à la pâte pour l’aider à produire une série de photos accompagnant “Still Optimiste”, sa toute dernière collection. Ces clichés grands formats aux compositions graphiques  épurées et collorées (sorte de fraise tagada pour les yeux) offrent un portail magique vers le monde féerique et absurde de l’artiste.

Cette nouvelle collection bourrée de références pop reflète bien la personnalité drôle, généreuse et décalée de la Montréalaise et est disponible jusqu’au 31 juillet dans un espace éphémère hybride, à la fois boutique, galerie et zone cosy situé sur la Main (une des artères principales de la ville, aussi connue comme Boulevard St-Laurent). Une visibilité assez confortable pour la marque mais aussi un moyen d’offrir une boutique sympa sur un tronçon du boulevard où smoked-meats, rôtisseries portugaises et boutiques de prêt-à-porter un peu pétés font la loi. Si ton compte en banque tire la gueule, tu peux toujours passer faire de la balançoire, jouer au basket, écouter du Wiz Khalifa et raconter tes meilleures blagues à qui sera derrière le comptoir.

J’ai déjeuné avec Gabrielle et on a discuté de la vie, de Nintendo 64 mais aussi de son travail, avant qu’elle ne s’envole quelques jours pour participer à ICON, une conférence d’illustration à Austin, Texas.

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The Creators Project : Salut Gabrielle, ça va ? Qui es-tu ? 
Gabrielle Laïla Tittley :  Je m'appelle Gabrielle Laïla Tittley. Laïla ça veut dire la nuit, les étoiles, en arabe. Ma mère m'a nommée Gabrielle en hommage à ce fameux ange Gabriel. Oui, celui de la Bible. Étonnant pour une catholique originaire de Nazareth. Donc j'imagine que je suis une sorte d’ange de la nuit. Mon frère lui, s'appelle Guillaume. Le nom Guillaume, ça, c'est un hommage à Guy Lafleur. Un brin moins poétique mais tout aussi valable. C'était le tour de mon père de trouver un nom.

Comment est né Pony ? 
Pony c'est mon projet pour ne pas avoir à faire autre chose. Quand j'étais enfant, je dessinais beaucoup. Je voulais être peintre mais je n’aimais pas l'idée des galeries et de devoir absolument passer par ce cadre plutôt traditionnel pour me faire prendre au sérieux. Après des années à peindre et à exposer mes toiles dans tous les lieux imaginables, j'ai simplement perdu l'envie de passer du temps sur mes œuvres. À chaque, je manquais de craquer une bonne dizaine de fois. Ce n’était pas sain. Je ne suis pas fait pour passer autant de temps sur un même concept. Mon cerveau n'est pas patient. J'avais le temps d'avoir 26 idées de nouvelles toiles le temps d’en faire une seule. J'ai donc naturellement commencé à réduire mon temps de production et adopter des nouveaux outils de créations histoire de pouvoir me vider la tête à un rythme plus naturel. J'ai switchée les pinceaux et l'acrylique pour le carton, le papier et j’imagine que désormais je suis plus proche d’une illustratrice que d’une peintre.

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Quelles sont tes principales inspirations & influences dans ton travail ? 
Je suis fan de lyrics de rap. Un site comme Rap Genius me rend dingue. J'essaie de pas y aller trop parce que je préfère trouver les références moi-même. J'adore les paroles de rap et hip-hop parce que c'est super contrasté comme musique. Ça peut être lourd et pesant de sens, mais il y a presque toujours de l'humour. J'aime comment ça peut être interprété à pleins de niveaux différents. Tout dépendant de qui écoute la chanson. Je trouve ça complexe et ça m'émeut. J'aime donner un nouveau sens aux paroles et m'amuser avec ça. Beaucoup de mes dessins récents pour Pony viennent de cet exercice de redéfinition.

Tu déclines tes visuels et ton art sur de multiples supports que tu vends. Comment tu envisages ce côté de ton boulot ?
Je n’ai pas trop envie de catégoriser ce que je fais. Je préfère me laisser le droit d'évoluer de la façon que je veux sans me restreindre. Disons que si je regarde ce que je crée, j'imagine que oui, on peut dire que c'est du pop art parce que plusieurs inspirations sont directement liées de la culture populaire. Avant c'était tellement important pour moi de décrire et d'expliquer la source et l'inspiration derrière une œuvre, Désormais, je suis à l’aise avec le lâcher prise et de la possibilité de donner la liberté au ''spectateur'' d'en retirer ce qu'il veut sans être influencé par mes intentions personnelles.

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C'est quoi une journée typique pour Pony ?
Il n’y a pas de journée typique. C'est ça qui est positif. J'aime que ça soit irrégulier. Depuis que Pony est devenue un peu plus une compagnie structurée, c'est différent. Ce que j'observe c'est que notre année est divisée en phases. Il y a des mois qui sont très intensivement créatifs en vue de créer une collection et d’autres périodes qui sont plutôt tournées vers la gestion et l’organisation de la production, des photoshoots, etc.

Comment s’est déroulée ta collaboration avec Sid Lee ? 
Cette collaboration-là est réellement mon meilleur souvenir de travail d'équipe. J'ai abordé LM Chabot, des inconnus dont j'avais vu le travail en ligne. Je voulais absolument que ça soit eux qui shoot les photos de ma nouvelle collection Still Optimiste. À force de se rencontrer et brainstormer, j’en ai eu marre d'inclure les vêtements sur les photos promotionnelles. Au lieu de ça, on a décidé de s’exprimer avec des ambiances et des concepts. On a demandé à une set-designer géniale, Camille Boyer, de collaborer avec nous, et puis on a présenté le projet à Sid Lee Collective. Ils ont aimé notre concept et nous ont soutenus financièrement, mais pas que. C’était très simple comme collaboration.

Pour terminer, mise à part ce défi à Mario Kart que tu viens de me lancer et que tu vas perdre, c’est quoi la suite pour toi ? Des projets pour les prochains mois ?
(Rire) Tu te trompes, mon premier objectif pour la fin d’année, c’est de te battre à MK64. En réalité je serai cet été à Austin pour le ICON, une conférence qui rassemble des illustrateurs du monde entier. Je me suis très longtemps isolée par peur de me faire influencer par d'autres artistes visuels. Mais je me sens bien aujourd'hui. J'ai l'impression d'avoir développé mon style à moi et je n'ai plus peur d'altérer mon style inconsciemment. Je me sens solide. Depuis la collaboration avec Sid Lee, j'ai vraiment envie de faire plus de projet avec d'autres créateurs. Je pense que mon futur inclura davantage de travaux en équipe. Je me sens prête pour de la nouveauté. J'ai hâte. Je suis optimiste face au futur.

Dommage que ton futur commence par une rouste à Mario Kart.

Pour acheter tout un tas de produit Pony, ça se passe là. Suivez-la sur Facebook ici et sur Instagram ici.

Crédits :
Équipe photoshoot STILL OPTIMISTE
Productrice : Shaida Missaghi
Assistants de production : Sébastien Hotte @L'Éloi / Joëlle Binet
Photographes : LM Chabot
Assistant photo : Marc-Olivier Bécotte
Direction artistique : Gabrielle Laïla Tittley
Set design : Camille Boyer
Assistante set design : Maude Dion-Royal
Retouche : Visual Box
Stylisme : Mélodie Wronski
MUA : Valeria Amirova
Photos making of / blogue SLC : Bruno Guérin
Modèle Piscine : Milly @Folio
Modèle M. Patate : Jerimy Riviera
Modèle “Forget about it” : Sophie B-T
Modèle Roche-papier-ciseaux : Sébastien Hotte
Modèle chien : Shelly