Les Nouveaux Américains
Toutes les images et les légendes sont publiées avec l'aimable autorisation de Sam Comen et de Michael Estrin.

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Les Nouveaux Américains

Le photographe Sam Comen et l’écrivain Michael Estrin ont dressé le portrait de ces citoyens ayant récemment acquis la nationalité américaine.

Une fois par mois, le Los Angeles Convention Center se transforme en doublure d'Ellis Island, un tribunal fédéral statuant sur l'obtention de la nationalité américaine pour les milliers de prétendants au précieux sésame. Le photographe Sam Comen et l'écrivain Michael Estrin n'ont pas pu résister à l'envie de s'y rendre, pour voir à quoi ressemblaient les nouveaux citoyens des États-Unis d'Amérique.

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Tandis que le premier leur tirait le portrait, le second recueillait leur histoire et leur parcours, créant ainsi une galerie de portraits rappelant ceux des migrants débarquant à Ellis Island d'Augustus Sherman au début du XXe siècle. « Le centre est dénué de personnalité mais les textes de Michael compensent, en apportant un contexte, des anecdotes, une histoire individuelle », précise Comen.

Freddy Castro. Pays d'origine : Équateur. « Je suis content de pouvoir participer maintenant aux élections. J'ai attendu de voter toute ma vie. J'ai hâte de m'engager politiquement pour pouvoir aider des gens comme moi à être protégé par la loi. Mon message au président : Réfléchissez avant de parler. »

Tous deux retiennent de ces rencontres le sentiment de soulagement qui s'empare de chacun de ces nouveaux citoyens une fois leur nationalité dûment acquise. Parmi ces derniers, il y a autant des docteurs, des artistes, des ouvriers que des grands-mères, des trans ou des parents de soldats. À noter également, un profond patriotisme et enthousiasme pour un pays qu'ils considèrent comme bien plus sûr et tolérant que l'endroit d'où ils viennent. Plus étonnant peut-être, la présence de supporters de Trump parmi les heureux élus. « C'est l'époque qui fait ça », pensent les deux collaborateurs.

Martina Bautista. Pays d'origine : Mexique. « Je veux que les Américains sachent que les Mexicains ont de bonnes intentions, basées sur leur héritage familial. Pour notre président, je voudrais dire que je souhaite toucher son cœur. Les Latino et Hispano-Américains qui viennent ici seulement pour travailler et avoir une meilleure vie et offrir le meilleur à leur famille. Donc je dis au président : que Dieu vous bénisse et nous allons prier pour que Dieu change votre cœur, pour que vous voyiez que les immigrés sont juste là pour travailler dur et être de bonnes personnes. »

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Choisies sur la seule intuition de Comen et Estrin, les personnes qui ont accepté de jouer leur jeu se sont ainsi vu demander leur parcours, ce qu'ils pensaient du rêve américain et s'ils avaient un message pour le nouveau président. « Nous avons voulu poser des questions ouvertes. Nous n'avions pas vraiment prévu ce que nous voulions, au-delà du simple fait de venir là et de les rencontrer », raconte encore le duo. Vous pouvez avoir un petit aperçu de leurs rencontres ci-dessous.

Anis Chaudry. Pays d'origine : Pakistan. « Des fanatiques religieux ont tué l'un de mes frères au Pakistan. Les meurtriers étaient musulmans et nous sommes musulmans, mais comme nous sommes d'une autre branche, ils ne nous reconnaissent pas comme musulmans. C'est ça la mentalité des fanatiques. Et ça a été la réalité de toute ma vie au Pakistan — la violence. Je me sens chez moi aux États-Unis, surtout quand vous éteignez la télé et que vous écoutez les gens, parce que les gens sont vraiment gentils. Maintenant que je suis un citoyen américain, j'ai l'impression que le monde est à mes pieds. Je peux voyager librement. Je peux prier sans avoir peur des fanatiques. »

Maria Villagordoa. Pays d'origine : Mexique. « Ma mère a pris la décision de venir ici pour avoir une vie meilleure et parce qu'elle voulait que j'ai une bonne éducation. J'avais 12 ans quand nous avons emménagé ici/ J'avais peur et j'étais nerveuse parce que c'était un grand changement pour mois — une nouvelle langue, une nouvelle culture. Puis j'ai commencé à m'intégrer et à me faire des amis. Quand j'ai eu des amis, j'ai senti que j'étais chez moi ici. Je ne peux pas décrire ce que ça fait de prêter serment pour la nationalité : c'était merveilleux et écrasant. Je suis à l'université maintenant, j'étudie les sciences politiques, je voudrais devenir avocate. Je ne sais pas encore dans quel droit je veux me spécialiser mais je pense peut-être au droit de la famille, pour pouvoir aider les gens dans le besoin. Mon message au président : Je le respecte. Mais c'est mal de stéréotyper les gens sur la base de leurs origines ou de leur religion. C'est juste mal et il ne devrait pas faire ça. »

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Ghassan Merrawi. Pays d'origine : Syrie. « Depuis que je suis enfant, j'aime les États-Unis ; j'aime leur histoire. J'adore ce pays. J'aime tout : sa politique, son éducation, ses divertissements. J'aime le sport, surtout le foot. J'étais un fan des 49ers mais depuis que les Rams ont déménagé à Los Angeles, j'ai décidé de supporter les Rams — l'équipe de ma ville. Le rêve américain veut dire des opportunités et le succès. Beaucoup de gens disent qu'un immigré ne peut être fan de Trump mais je le suis. Je suis passionné de politique et devenir citoyen implique d'en faire partie, alors j'ai pris une carte chez les Républicains. Vous savez, la Californie est un état démocrate donc les gens disent que mon vote ne compte pas, mais je pense que si. J'ai hâte de voter aux prochaines élections. Mon message au président : Tenez vos promesses. Vous savez, nous avons placé beaucoup d'espoirs dans Trump. Donc, s'il n'arrive pas à changer les choses, et bien, on est baisés. C'est le premier outsider à devenir président, donc s'il ne tient pas ses promesses, on est baisés. »

Katya Sonina. Pays d'origine : Russie. « Depuis que je suis petite, je sais que je veux devenir américaine. J'ai grandi à Moscou et j'ai vécu un peu partout en Europe. Mes parents m'ont toujours dit de rester en Europe mais je veux être aux États-Unis. Je suis pianiste, donc un jour j'ai postulé à Juilliard [une école de spectacle réputée de New York] et j'ai été prise ! C'est comme ça que je suis arrivée aux États-Unis. J'ai commencé à Juilliard deux semaines avant le 11 septembre. C'était une période très traumatisante parce que j'étais si heureuse d'être à Juilliard et aux États-Unis et cette horrible tragédie est survenue. Mais ce que j'ai vu à New York, c'est des gens qui se rassemblent. J'ai vu l'amour briser des frontières et soulager la peine. J'ai vu ça et je me suis sentie chez moi. C'est un pays qui donne sa chance aux gens. Vous pouvez être qui vous voulez sans vous en sentir désolé. C'est ça, la liberté. Je me suis préparée pour le test de nationalité et j'ai étudié les droits fondamentaux. La liberté de religion. La liberté de rassemblement. La liberté d'expression, comme je suis en train de le faire maintenant. Je ne peux pas faire ça en Russie. Vous dites une chose de travers en Russie et vous pouvez aller en prison pour le restant de vos jours. Mon message au président : Je veux juste lui souhaiter bonne chance. C'est une période de défis. Les gens ont des opinions très variées. Mais s'il est au pouvoir pour les quatre prochaines années, laissons-le faire au mieux. Les gens l'ont élu donc je lui souhaite bonne chance. Je ne veux pas dire du mal. Mais peut-être qu'il pourrait soutenir un peu plus la culture. »

Elyvanie Mukangoga. Pays d'origine : Rwanda. « Je suis arrivée ici en 1989. Je pensais repartir un jour mais après le génocide en 1994, j'ai su que je ne pourrai pas. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé que les États-Unis seraient mon pays. Mon rêve américain, c'est mon domaine. j'aide des femmes et des enfants à réussir leur vie, et je crois qu'il est possible de réaliser ce rêve aux États-Unis. Aujourd'hui est un jour spécial car je me sens comme une Américaine à part entière, et il n'y a plus de limites à ce que je peux faire maintenant. Mon message au président : Je voudrais qu'il écoute les histoires des immigrés — comment ils sont discriminés, rejetés. Je veux lui dire que ça a du bon d'accueillir des migrants. Car s'ils se sentent chez eux, ils peuvent avoir des rêves. Mais s'il les renvoie de chez eux, il tue leurs rêves. »

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