Les Australiens ne déconnent vraiment pas avec leur Bloody Mary
Toutes les photos sont de Joshua Mellins

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Les Australiens ne déconnent vraiment pas avec leur Bloody Mary

On est allé se mettre une caisse à Sydney, là où le cocktail mythique est servi « bien chargé » – en alcool et en garnitures salées.

J'ai essayé de ne pas trop grincer des dents lorsque la fille à côté de moi a commencé à expliquer à ses potes qu'un Bloody Mary « c’est juste une soupe froide ». Je me rends compte que pour la plupart des gens qui le commandent lors d’un brunch, s’en servent comme excuse pour boire avant midi ou l’utilisent en mode « cure de dernière minute » contre la gueule de bois, c'est exactement ça. Un banal mélange de jus de tomate et de vodka dont la qualité varie selon les endroits qui le servent.

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Ce n'est que depuis quelques années que le cocktail, introduit pour la première fois il y a 80 ans à Paris (selon la légende), se fait une place en Australie. Avec une culture du cocktail en croissance constante, les bars et les restaurants de la ville ont peu à peu modifié leurs fades Bloody Mary pour atteindre de nouveaux sommets.

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The Bearded Tit par exemple propose une version épicée à faire chialer n’importe quel amateur de Tabasco. Eau de Vive, un bar à cocktails plutôt haut de gamme, ajoute sur le sien une crème infusée au céleri. Et pour coller à l'esthétique « Instagram », le bar de l'Hôtel Norfolk sert son cocktail dans des jarres vintage.

Mais en Australie et particulièrement à Sydney, personne n'est allé aussi loin dans la confection de Bloody Mary que le très bien nommé Bloody Mary’s. Situé dans le quartier un peu bohème de Darlinghurst (une autre antenne va bientôt ouvrir sur Bondi Beach), le restau joue sur la réputation très « brunch » du cocktail, offrant un large choix de petits déj’ et de déjeuners ainsi qu'une flopée de variations du Bloody Mary.

(De leur côté, ils encouragent aussi à boire le cocktail en soirée ou la nuit notamment avec le triptyque « anti-gueule de bois » Berocca-Gatorade-Bloody Mary.) Face à une offre aussi abondante d'options, c’est accompagné de Dylan, barman agissant comme une sorte de guide spirituel, qu’on a parcouru une partie importante de leur carte des boissons. Voilà ce qu’on a pris et appris.

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Bloody Hell

Le Bloody Hell est un peu la lettre de candidature envoyée par le Bloody Mary’s pour entrer dans la catégorie « ceux qui foutent des trucs complètement cons dans leur cocktail ». Il y a dans ce verre de quoi nourrir une famille de quatre personnes : un mini-burger, du céleri, une buffalo wing, une crevette, des tomates cerises et du citron. (La version végétarienne propose des champignons, un mini-sandwich à l’halloumi et un poivron jalapeño farci.) Ce qui sauve cette boisson du simple gadget m’as-tu-vu, c’est sa base complexe (le leitmotiv de tout ce qu’offre le bar). Dans ce cas précis, une combinaison de vodka infusée au piment, de jus de tomate, de citron, de citron vert, d’ail, de coriandre, de sucre de palme, de sauce au poisson, de Tabasco et de Sriracha. Ce qui donne à chaque gorgée, un ensemble piquant, épicé, sucré et velouté.

Cancun « Michelada »

Même si le Bloody Mary traditionnel est préparé avec de la vodka, le Bloody Mary’s joue avec les règles. L'une de ses meilleures « variations » n’est autre que le « Michelada » de Cancun. Pas d’alcool de patate mais de la tequila blanco et une bouteille entière de Corona. Ouais, littéralement en guise de garniture. On retrouve bien sûr le céleri, la crevette et le citron vert mais ces ingrédients sont difficiles à cerner alors qu’on essaie de déterminer le ratio exact de bière, de jus de tomate et de tequila. (Tout le monde a une stratégie différente mais après plusieurs tentatives, on s’accorde à dire que la meilleure consiste à soulever légèrement la bouteille de Corona tout en sirotant le cocktail pour que la bière se déverse lentement.) Le mélange obtenu est léger, pétillant et un peu sucré. Sachant que dans l'hémisphère sud, c’est l'été, il est même sacrément parfait.

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Bloody Caesar

Au moment du troisième Bloody Mary, l'intensité du projet commence doucement à s'installer. Inspirée par le Bloody Caesar, j'ai noté le mot

« smiley »

sur un carnet. Mot que j’ai eu beaucoup de mal à interpréter un peu plus tard. Est-ce que je voulais dire que la boisson m'avait fait sourire ? Est-ce que je considérais que le cocktail était la personnification d’un smiley ? J’en ai toujours aucune idée. Les qualités et l’effet « salade » qui accompagnent le mélange de vodka Ketel One, d'épices, de jus de citron, de jus Clamato et de Tabasco ne doivent en aucun cas être sous-estimés. Étant donné que le cocktail est garni de laitue, d'un œuf dur, de tomate et de citron, il fait partie des choix les plus

« healthy »

du bar. Enfin, c’est ce que j'aimerais croire.

Porky Pig

Comme je suis végétarienne et que je rentre dans la catégorie poids-léger, je décide de passer mon tour pour celui-ci. Ce qui ne m’empêche pas d’observer avec un soulagement certain Joshua, mon photographe, s’en donner à cœur joie avec une concoction à base de bourbon infusé au bacon. Pour être certain de bien faire passer le message, cette création destinée aux amoureux de la viande est aussi garnie d’une vraie tranche de bacon. Joshua confirme mon impression, qualifiant la boisson de « charnue » et déclare qu'elle « fait un sacré effet ». Je hausse les épaules et je lui vole un de ses onion rings qui trône dans un cône imbibé d'huile au sommet du cocktail. On décide à l'unanimité de snobber le céleri.

Bloody Pirate

On a commandé ce cocktail en dernier parce que la combinaison de Pampero Dark Rum et de jus de tomate résonnait comme une option très « quitte ou double ». Le mélange audacieux (orné d'une bordure de sel et d'orange) donne des gorgées acides et sucrées – bref, le dessert liquide parfait pour ceux qui détestent les boissons sucrées. Je ne sais pas si c'est le rhum ou simplement l'effet cumulatif de tous les alcools qu’on s’est envoyés, mais il y a quelque chose à propos de ce Bloody Pirate qui me fait vraiment me sentir corsaire.