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Le jeu vidéo qui apprend au cerveau à être heureux

Des scientifiques israéliens ont créé un programme qui pourrait aider à soigner la dépression

Contrariété, anxiété, peur, lamentation, angoisse… La rumination semble être le nouveau fléau contemporain. On explique ce trouble psychologique par le fait de ressasser de façon répétitive les mauvaises pensées, au point de ne plus pouvoir se concentrer sur autre chose.

L’an dernier, Peter Kinderman, professeur de psychologie clinique à l’université de Liverpool, s’est interrogé sur les causes de la dépression. Il en a déduit que la rumination augmentait les risques d’en être victime et pouvait même être l’un des principaux facteurs de la maladie. « Nous avons découvert que les personnes qui ne ressassent pas et ne se blâment pas pour les difficultés qu’elles rencontrent sont moins exposées à la dépression et à l’anxiété, même si elles ont vécu des événements négatifs », a-t-il expliqué à la BBC.

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Grâce aux efforts de Noga Cohen, Nilly Mor et Avishai Henik, trois chercheurs en psychologie israéliens, ce mal pourrait devenir un lointain souvenir. En effet, les scientifiques ont développé un jeu vidéo – ou plus précisément un programme informatique – qui permettrait d’apprendre au cerveau à contrôler ses émotions et à limiter la rumination.

Partant de la théorie selon laquelle le phénomène aurait pour origine un handicap psychologique qui pourrait se régler par l’activation de certains mécanismes cognitifs, les chercheurs ont testé leur programme sur 85 étudiants de l’université hébraïque de Jérusalem. Le but de l’expérience était de limiter l’importance qu’accorde l’esprit à une information négative.

Le processus est simple : tout d’abord, de sorte à déclencher un éventuel stimulus de la région du cortex préfrontal du cerveau connue pour atténuer la sensibilité aux émotions, il a été demandé aux participants séparés en deux groupes de déterminer la direction d’une certaine flèche située au centre d’une ligne de plusieurs flèches. La moitié du temps, les flèches prenaient toutes la même direction. Le reste du temps, la flèche centrale prenait la direction opposée. Ensuite, il leur a été montré une image soit neutre, soit négative – là-aussi, les proportions étaient de 50/50 dans les deux groupes. En revanche, tandis que le premier groupe voyait une image négative après avoir vu une ligne de flèches non continue neuf fois sur dix, c’était seulement le cas une fois sur dix dans l’autre groupe. Enfin, ils ont eu à déterminer si un carré qui apparaissait sur l’écran était de couleur bleue ou verte. Le processus a été répété à 400 reprises en l’espace de 30 minutes.

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Image issue de l’étude Linking Executive Control and Emotional Response disponible ici

Après l’expérience, les participants à l’étude ont été invités à se souvenir d’un évènement bouleversant et à répondre à des questions sur leur niveau de rumination sur le moment et en général. Les résultats ont montré que les participants du premier groupe – ceux qui ont vu une image négative suivre une série de flèches non continue 9 fois sur 10 – étaient bien plus enclins à ne pas être d’humeur triste. La raison : leur cerveau a été distrait par l’étape de la flèche, les rendant moins sensibles à l’image qui a suivi et leur permettant de mieux se focaliser sur l’étape du carré. Autrement dit, ils ont pu activer des fonctions cognitives qui les ont rendus plus insensibles à ce qu’ils allaient voir l’instant suivant.

Les chercheurs ont aussi découvert que les participants atteints de rumination chronique du premier groupe n’étaient pas plus tristes qu’à leur habitude, contrairement à ceux de l’autre groupe. Ainsi, l’étude a montré que la rumination aurait pour principale origine une difficulté de l’individu à contrôler sa cognition.

Selon Noga Cohen, si les effets durent plus de quelques minutes, la méthode pourrait permettre aux patients de traiter eux-mêmes leur dépression à partir d’un simple ordinateur ou smartphone. Ainsi, si la machine a déjà remplacé de nombreux métiers, celui de psychologue pourrait être le prochain sur la liste. « Il est important de noter que de nouvelles études devront être effectuées avant d’utiliser cette nouvelle technique comme traitement », prévient néanmoins Cohen.

@GlennCloarec