Les graffeurs de 5 Pointz n’ont pas fini d’en découdre avec le propriétaire de l’ancienne friche new-yorkaise
Image de Une : 5 Pointz, en avril 2011. Photo : Pelle Sten via Flickr.

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Les graffeurs de 5 Pointz n’ont pas fini d’en découdre avec le propriétaire de l’ancienne friche new-yorkaise

Nouveau rebondissement dans l’affaire de « la Mecque du graffiti ».

Voilà trois ans maintenant que l'on croyait l'histoire de 5 Pointz définitivement enterrée. Cette friche industrielle du quartier du Queens, à New York, considérée comme « la Mecque du graffiti », a cristallisé de nombreuses problématiques inhérentes au street art, au premier rang desquelles la postérité de cette pratique sauvage. Après avoir constaté la disparition de toutes leurs créations des murs de l'ancienne usine, un beau matin de novembre 2013 puis avoir assisté, impuissants, à sa démolition quelques mois plus tard, les habitués ont enfin obtenu le droit de poursuivre en justice le propriétaire de 5 Pointz, Jerry Wolkoff.

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Alors que les 23 graffeurs qui se sont constitués partie plaignante demandent réparation depuis 2013, ce n'est que le 31 mars dernier que le juge d'un tribunal de Brooklyn a validé leur demande de procès. Le plaidoyer des artistes, dont Jonathan Cohen, a.k.a. Meres1, se fait le porte-parole, s'appuie sur le Visual Artists Rights Act (VARA), qui assure des droits moraux aux artistes visuels, notamment l'intégrité de leur production. Et par extension, de la prévention de toute destruction d'une œuvre d'art visuel : « toute destruction volontaire ou due à une négligence d'une œuvre constitue une violation de ce droit ».

5 Pointz, en novembre 2013. Photo : Forsaken Fotos via Flickr.

Le promoteur immobilier new-yorkais, qui avait donné sa bénédiction aux graffeurs pour peindre le bâtiment avant de décider d'en faire un complexe immobilier de standing, estime pour sa part que cet argument n'a pas lieu d'être. « Ils peignaient par-dessus leurs propres œuvres en permanence, et ce depuis des années. C'est l'essence même du graffiti », a déclaré Wolkoff au New York Times. « Je n'aurais jamais cru qu'il me poursuivrait en justice — ils mordent la main qui les a nourris. Ils savaient depuis dix ans que j'allais démolir le bâtiment un jour », ajoutant qu'il ne l'avait pas fait de gaieté de cœur.

The biggest art crime was committed today by Jerry Wolkoff ..5pointz genocide
— 5 Pointz creates (@5PointzNYC) 19 novembre 2013

Tout risque de se jouer sur la qualification d'« œuvres d'art reconnues » telle que le stipule le VARA. Le tribunal peut décider de juger de la reconnaissance individuelle des œuvres ou prendre en compte l'exploitation dans son intégralité. Compte tenu de l'immense aura dont bénéficiait 5 Pointz, il y a peu de chances pour que la balance ne penche pas en faveur des artistes. Quoiqu'il en soit, l'issue du procès sera surtout déterminante dans le combat des street artistes pour la protection de leurs œuvres — une tendance à la hausse à l'heure où les graffeurs font de plus en plus du pied au marché de l'art, au risque de s'éloigner de cette fameuse « essence » du graffiti qu'invoquait Wolkoff.

5 Pointz building owner reveals why he whitewashed building. http://t.co/Q5IwaCWwqr pic.twitter.com/EzUkYhjwmP
— PIX11 News (@PIX11News) 19 novembre 2013

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