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Lutter contre la crise des opioïdes avec un combo de Tylenol et d’Advil

Pour soulager la douleur aiguë, ces bons vieux remèdes seraient aussi efficaces que les opioïdes. Un expert y voit une possible solution à l’épidémie de surdoses.
Photo : Wikimedia Commons

On a compté plus de 33 000 surdoses mortelles liées aux opioïdes aux États-Unis en 2015. La situation est urgente aussi au Canada, où 2 816 personnes sont décédées de la même manière en 2016. Tandis que cette crise fait rage en Amérique du Nord, des chercheurs américains tentent de trouver des moyens de réduire la prescription d’opioïdes.

Aussi surprenant que ça puisse paraître, une partie de la solution pourrait se trouver dans une combinaison d’antidouleurs bien connus : les Tylenol et les Advil, selon une récente étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

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D’après les résultats de cette étude menée auprès de plus de 400 patients admis aux urgences, un mélange d’acétaminophène et d’ibuprofène aurait été aussi efficace pour soulager la douleur aiguë que trois autres combinaisons d’antidouleurs contenant des opioïdes.

Lutter en amont

Un professeur de médecine d’urgence a défendu la pertinence de cette découverte dans un édito publié cette semaine dans le JAMA. Le Dr Demetrio Kyriacou explique que c’est souvent aux urgences que les patients sont initiés aux opioïdes et que, si on pouvait éviter qu’ils prennent ces substances, on pourrait peut-être prévenir de nouveaux cas de dépendance aux opioïdes.

Cette manière de procéder « pourrait avoir un effet plus important sur l’épidémie de surdoses d’opioïdes que le fait de fournir des soins en continu aux patients déjà accros aux opioïdes, qui pourraient mettre plusieurs années à se rétablir », avance le Dr Kyriacou.

Le professeur ajoute que le fait de prescrire moins d’opioïdes aux patients pourrait même avoir pour effet de limiter la consommation chez les personnes qui se procurent ces médicaments auprès de leurs amis ou des membres de leur famille.

Une telle solution exige que le monde médical change ses habitudes et réexamine « des hypothèses de longue date ». Le Dr Kyriacou argue que les méthodes de traitement de la douleur aiguë aux urgences sont basées sur les habitudes et l’expérience. Les recherches comparant l’efficacité des opioïdes et des autres antidouleurs pour traiter la douleur aiguë sont limitées, souligne-t-il.

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Ni douleur ni opioïdes

C’est là que la récente étude sur l’efficacité du duo Tylenoly-Advil entre en jeu. Les chercheurs se sont attaqués à cette absence de base de données claire.

Ils ont soigné 416 patients adultes traités à l’urgence. Tous ressentaient une douleur aiguë ou modérée – la moyenne était une douleur de 8,7 sur une échelle de 10. Le quart d’entre eux ont reçu un combo d’acétaminophène et d’ibuprofène.

Les autres ont reçu des médicaments contenant des opioïdes, soit de l’oxycodone, de l’hydrocodone ou de la codéine, ainsi que de l’acétaminophène. Et sur une période de deux heures, les patients ont observé une diminution de la douleur équivalente.

Certes, le monde scientifique ne vient pas de régler la crise des opioïdes en conseillant de prendre un comprimé d’Advil et un de Tylenol et on n’en parle plus. Les chercheurs soulignent qu’il faudrait mener d'autres recherches pour évaluer les effets indésirables des différents médicaments et mieux évaluer le dosage nécessaire. Il est aussi nécessaire d’étudier les effets des antidouleurs sur de plus longues périodes.

Ensuite, les recherches ont été effectuées à l’urgence; ça ne concerne en rien les patients qui souffrent de douleurs chroniques traités aux opioïdes.

C’est donc une piste de solution à explorer, parmi d’autres mesures à intégrer, comme le fait de trouver de meilleurs traitements pour les toxicomanes et de meilleures façons d’intervenir en cas de surdose.