DJ dziri boiler room charleroi
Music

Je suis allée à la Boiler Room de Charleroi avec DJ Dziri

« Voir son nom à côté de celui d’Ellen Allien et Model 500, c’est pas rien quand-même. »

Dimanche dernier, vers 11h du matin, je retrouve Sara, aka DJ Dziri, au café Saint-Gillois la Maison du Peuple. Ce n’est pas un dimanche comme les autres pour la jeune DJ, puisqu’elle s’apprête à jouer son premier set sur Boiler Room, la célèbre chaîne TV musicale 2.0 lancée il y a environ dix ans. Vous voyez ces vidéos en live stream sur Facebook où en plus d’assister à la performance d’un(e) DJ, on a droit aux meilleurs mouvements de danse d’un public qui reste planté dans le champ de la caméra dans l’espoir de connaître enfin son heure de gloire. On boit vite un café avant de partir en terre inconnue : Charleroi. C’est parti pour 50 minutes de train (en retard, bonjour la SNCB) avec Sara et ses potes, venues la soutenir. Pendant le trajet, je la découvre un peu plus. Elle est cool et le trajet passe vite, entre fou rires et « dance party » improvisée sur nos sièges.

Publicité
1559569633441-OK_IMG_1677

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous voilà dans la ville dite la plus moche d’Europe. Quand on arrive au Rockerill, on s’installe en backstage; son set est prévu à 14h et le stress monte un peu. On boit quelques bières « pour se donner du courage » puis j’accompagne Sara vers la scène, le temps qu’elle prépare son matériel. En quelques minutes, son expression change; elle semble bien plus concentrée. Enfin, elle enfile son casque et se lance.

VICE : Salut Sara, c’est la première fois que tu viens à Charleroi ?
Sara : Non, mais seulement pour aller à l'aéroport. C’est grave hein… Mais c’est cool qu’ils fassent une Boiler Room là-bas. Il y a beaucoup de choses qui se passent à Charleroi, ça commence à être un peu plus en vue. J’ai entendu parler d’un centre culturel qui a ouvert il y a quelques temps et j’aimerais bien y aller un de ces quatres.

C’est aussi ton premier set sur Boiler Room. Comment on en arrive là ?
Franchement, je n’ai rien fait de particulier. En tant qu’artiste, tu fais ce que tu aimes, et si on te remarque, alors tant mieux. Le curateur de Boiler Room m’a contactée directement après avoir écouté un de mes sets sur Kiosk Radio ou mon Souk Sessions. Le jour où j’ai reçu le mail de Boiler Room, j'étais chez ma mère et je l’aidais à peindre. J’ai décidé de checker mes mails pendant une de nos pauses. Et là, recouverte de peinture, je me suis dis « Oh putain ! ».

Publicité
1559569659248-OK_IMG_1698

« Voir son nom à côté de celui d’Ellen Allien et Model 500, c’est pas rien quand-même. »

Qu’est-ce que ça fait de partager l’affiche avec ces noms internationaux ?
Ce line-up… que des techno gods ! Je n’ai pas bien dormi cette nuit. Boiler Room a fait pas mal de promo pour cet événement, du coup j’ai reçu pleins de messages de gens qui m’envoyaient la photo de l’affiche. Voir son nom à côté de celui d’Ellen Allien et Model 500, c’est pas rien quand-même. C’est marrant parce qu’il y a des artistes locaux plus jeunes comme DC Salas, Sixsixsixties et moi-même aux côtés d’invités plus âgés avec beaucoup d'expérience.

Tu es dans une belle montée puisque tu sors également ton premier EP « Glimpse of an Eye » le 15 juin. Quel a été le processus ?
Ça fait maintenant un petit moment que je produis et j’ai mis du temps à trouver mon style. J’en suis arrivée à un mariage entre musique électronique et influences nord-africaines et arabes. Il y avait plusieurs manières de jouer avec et j’ai pu expérimenter. L’EP a commencé à prendre forme dans le courant de l'année passée; ça m’a permis de me développer en tant que productrice et en tant qu’artiste au sens large. Cet EP c’est l’aboutissement de mon évolution jusqu'à présent. Je suis très contente de pouvoir le sortir. Ça m’a ouvert la porte pour d’autres projets sur lesquels je bosse déjà.

1559569684652-OK_IMG_1812

Comment as-tu commencé dans la musique ?
J’avais à peu près 19 ans. Je suis allée à ma première soirée électro, la Catclub. J’ai entendu cette musique et ça m’a vraiment plu. Je me suis immédiatement dit « J’aimerais trop mixer ! » Petit à petit, j’ai acheté le matériel dont j’avais besoin et je regardais des videos sur YouTube pour apprendre à jouer. J’ai commencé à jouer à des soirées à Bruxelles, mais à un moment je me suis sentie limitée en tant que DJ. C’est comme ça que j’ai décidé de commencer à produire et que j’ai évolué vers le style que j’ai maintenant.

Publicité

« Infuser mes morceaux de sons arabes, c'était ma façon d'insérer mon identité. »

C’est-à-dire ?
Je suis belgo-tunisienne, du coup, infuser mes morceaux de sons arabes, c'était ma façon d'insérer mon identité. Ma musique me correspond très fortement. Pendant longtemps, j’ai cherché ma place dans la société, ayant grandi dans deux cultures différentes. J’ai eu envie de faire une musique qui soit entre les deux, qu’il y ait un certain équilibre. Je voulais en faire une sorte de déclaration. Je voulais créer un espace pour les gens qui me ressemblent ou du moins qui ont une identité complexe. C’est une manière de communiquer avec eux, de former une communauté.

1559569737022-OK_IMG_1770

Tu conseillerais quoi à quelqu’un qui veut se lancer dans le DJing ?
C’est peut-être un peu cliché, mais je lui dirais de ne pas hésiter à faire ce qu’il ou elle a envie de faire, de suivre son intuition. Je pense que c’est le plus important, même si c’est vrai que ce n’est pas facile. Tu dois gérer la pression, les influences et les attentes d’autres personnes. Pendant longtemps, je me suis demandé ce que les gens avaient envie d'écouter. Finalement, j’ai compris qu’il fallait que je fasse ce dont j’avais envie. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à avoir des retours positifs. Enfin, je lui dirais aussi qu’elle aurait même pu commencer tout ça plus tôt.

C’est maintenant au tour de Sara de passer derrière les platines. Le stress est à son comble parce qu’en plus du public présent, elle sait que son set sera écouté par des tas d’amateurs de techno, mais également par des professionnels qui scrutent Boiler Room et ce genre de plateformes à l’affût de nouveaux talents. Elle mixera pendant plus d’une heure, en donnant l’impression que ca fait à peine quelques minutes. C’est aussi sa force, sur scène, elle impressionne. « Franchement, c'était trop bien ! » me dit-elle, à chaud. Je ne peux qu’être d’accord : je n’ai pas lâché le dancefloor.

1559569753039-OK_IMG_1875

Rendez-vous au Beursschouwburg le 15 juin pour la release de son premier EP dans le cadre du festival Out Loud.

Ne ratez plus jamais rien : inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire et suivez VICE Belgique sur Instagram.