FYI.

This story is over 5 years old.

News

Oubliez la Planète des singes, le futur appartient aux rats

Pire que leur invasion de la planète, il est possible que ces créatures deviennent aussi grosses que des moutons.

Image via

Dans le film Wall-E, les studios Pixar avaient fait le pari que la Terre finirait par n’être plus habitée que par des robots et des cafards. Mais en réalité, ce sont les rats qui devraient être les dernières créatures d’une planète bleue devenue inhabitable pour l’homme.

Sur le papier, ce sont les cafards qui pourraient sembler les plus tenaces. Pourtant, on observe un déclin de leur population, tandis que le nombre de rats ne cesse de croître. Une étude récente de la revue Science a mis en évidence le phénomène de défaunation – ou l'extinction rapide d'un grand nombre d'espèces – à l’œuvre sur notre planète. Retenez ce terme car il est sans doute aussi important que le réchauffement climatique et la déforestation dans cette grande course à la tristesse qu’est le collapsus écologique.

Publicité

L'étude, menée par le docteur en biologie Rodolfo Dirzo de l'Université de Stanford, a révélé une hausse du rythme d’extinction des espèces. Depuis l'an 1500, au moins 320 espèces de vertébrés ont disparu, le plus souvent à cause de l’activité humaine. Les autres espèces animales ont vu leur population totale diminuer de 25%. Le déclin des insectes est encore plus frappant : au cours des 35 dernières années, la population d'invertébrés a chuté de 45%. Selon les chercheurs, ces faits prouvent que nous sommes à l’orée de la première crise biologique de l'anthropocène, et donc de la sixième extinction de masse de l'histoire de la Terre.

Malgré tout, une espèce en particulier tirera profit du malheur des ours et des abeilles : les rats.

Image via

« Dans les régions à forte densité de population où le taux de défaunation est plus élevé qu’ailleurs, le nombre de rongeurs est très important, ce qui augmente les risques d'épidémies », expliquait le professeur Dirzo au moment de la parution de l'étude.

Hilary Young, l'une des chercheuses ayant collaboré avec le docteur Dirzo, avait déjà analysé par le passé l'impact de l'extinction des espèces animales sur les rats. Elle déclare à ce sujet : « Nous avons remarqué que les zones où une espèce disparaissait voyait la population de rats augmenter massivement. »

Dans le cas des espèces herbivores, l'herbe et les arbustes qu'elles consomment se retrouvent à disposition des rats, lesquels peuvent s'y nourrir et s'y abriter. Leur population peut ainsi se multiplier, de même que celle des parasites qu'ils transportent. Ce sont ces mêmes parasites qui propagent les maladies.

Publicité

Une autre étude datant de 2013 a d’ailleurs montré comment les rats pouvaient transmettre une multitude de maladies telles que la peste, les infections streptococciques, les arbovirus, les chorioméningites, la tularémie, les leptospiroses et la spirochétose.

Cette même étude précise : « Les puces, les tiques et les poux sont connus pour s'attaquer aux rats et transmettre des agents infectieux de l'animal à l'homme ou entre les animaux – ce qui peut être à l'origine d'une épidémie. »

Image via

La liste des maladies que le rat est à même de transmettre à l'homme est spécialement déprimante : en plus de celles déjà citées, on peut ajouter divers types de fièvres – notamment la fièvre hémorragique d'Omsk ou la fièvre de Lassa, proche du virus Ebola – ou encore la salmonellose et le syndrome pulmonaire à hantavirus.

Il faut également se souvenir du rôle des rats dans le déclenchement de la peste noire. Si le manque d'hygiène avait bien sûr été propice à la diffusion de la maladie, celle-ci avait été transmise par l’intermédiaire des puces présentes sur les rats.

L’hygiène et les connaissances médicales sont certes bien supérieures aujourd'hui, mais à l’avenir, nous vivrons dans des zones de plus en plus densément peuplées. Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville et les mégalopoles vont encore largement croître au cours des prochaines décennies. Dans ces conditions, une population toujours croissante de rats pourrait favoriser le déclenchement d'une épidémie similaire qui pourrait avoir des conséquences sanitaires tout aussi désastreuses que la peste.

Publicité

Le docteur Jan Zalasiewicz, géologue à l'université de Leicester, pense que le rat est une espèce qui pourrait repeupler la planète si une crise biologique venait à faire disparaître des milliers d’espèces.

« Les rats sont présents sur la plupart des îles du monde. Une fois arrivés dans un nouvel environnement, ils sont très difficiles à éradiquer. En général, ils sont là pour de bon. Ils entrent en concurrence avec certaines espèces endémiques et peuvent même, dans certains cas, entraîner leur extinction. Avec la disparition de nombreuses espèces, les rats se trouvent aujourd'hui en bonne position pour occuper, à moyen ou long terme, une place très importante au sein de la biosphère. »

Un tel futur n'est pas si difficile à imaginer pour ceux qui vivent dans les grandes mégalopoles. À New York, il y aurait déjà deux fois plus de rats que d’êtres humains. À Paris, on estime leur population à six millions, soit trois rongeurs pour un habitant.

Tant que les hommes contribuent à l'extinction des autres espèces, on doit s'attendre à ce que la situation s'aggrave et s'étende à de nouvelles villes. Si les risques sanitaires ne suffisent pas à vous convaincre, il faut aussi insister sur le fait qu'il s'agit là d'un échange peu avantageux : nous perdrions notre biodiversité spectaculaire au profit d'un monde horrible et monotone peuplé exclusivement de rats.

Enfin, en plus de la défaunation, les rats bénéficieraient également du changement climatique. En effet, grâce à la hausse des températures, certaines espèces de rats deviennent de plus en plus grosses. Le professeur Zalasiewicz pense même qu’en continuant sur leur lancée, les rats pourraient finir par être aussi gros que des moutons.

Voilà donc un aperçu de la prochaine étape de l'anthropocène : des rats géants, porteurs de parasites et de virus, qui se multiplient à toute allure aux dépens de toutes les autres espèces. Cool, huh ?