Avec Forrest, le cowboy du risque

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Culture

Avec Forrest, le cowboy du risque

Quelque part entre entrepreneur et musicien, le producteur montréalais Forrest croit avoir toutes les armes pour conquérir le monde.

Lorsque je rencontre Zach Montpetit, alias Forrest, sur la terrasse du Riverside, dans le Sud-Ouest de Montréal, je constate qu’il est totalement à l’opposé de sa musique, extravagante et exubérante : plutôt réservé, bien que volubile. On discute pendant que les employés s’affairent à nettoyer les dégâts de la soirée précédente. À le voir affalé sur le banc, bien emmitouflé dans un large pull malgré la chaleur, il ne se fait remarquer par aucun des clients, malgré son implication dans le bar.

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La première pierre de la fondation de Forrest « 2.0 » s’est concrétisée sous la forme du Riverside, un beer garden situé dans une portion industrielle du quartier Saint-Henri, une oasis cachée au cœur de vieilles usines désaffectées. « Au début, il n’y avait rien ici, à part le vieux bâtiment. L’extérieur était beau, mais c’est à peu près tout. On a vraiment dû tout construire nous-mêmes », me raconte-t-il. Forrest aide son ami Nicolas Hamel, qui est à la tête d’Atrium, une compagnie de développement, avec laquelle il dirige le Riverside, le label Anti Selects, et leur groupe, Anti-Anti. Si Montpetit était autrefois un simple musicien, c’est aujourd’hui un entrepreneur-en-herbe dont les risques calculés font le succès.

Forrest a suivi le parcours à peu près typique des musiciens montréalais de sa cohorte qui ont su s’exporter. Après des débuts dans des groupes rock et hardcore, il forme avec Max Gendron Prince Club, un duo de production électronique. Le succès qu’il connaît au sein de Prince Club lui permettra de vivre son rêve de déménager outre-mer. C’est à Berlin qu’il pose d’abord ses valises pendant un an, avant de passer deux ans à Londres. « Forrest a commencé là-bas, c’était mon projet solo indie-rock, explique-t-il. C’est devenu assez gros en Europe. J’ai sorti des trucs sur pas mal de labels, je me suis rendu assez loin avec ça. »

À son retour d’Europe, le producteur et DJ montréalais, qui bénéficiait déjà d’une réputation assez solide dans le milieu, était plus que jamais déterminé à passer au niveau supérieur. Toutefois, il se rendait compte qu’il lui manquait quelque chose pour y accéder. C’est pourquoi il s’est inscrit à HEC, question d’apprendre comment gérer un business afin de cesser de dépendre des agents et des labels. « Je me fiais à mon instinct, lorsque venait le temps de prendre des décisions par rapport à ma carrière. Aller à l’école m’a aidé à confirmer que j’avais raison, confie Forrest. J’ai assimilé tout ça et, avec Nic, on a commencé à magouiller des nuits entières sur les esquisses de ce qui deviendrait notre entreprise. »

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Souffrant à l’époque de problèmes sérieux d’anxiété, il ne comprenait pas pourquoi sa carrière stagnait, malgré la popularité dont il jouissait. On décèle d’ailleurs chez lui une certaine frustration lorsqu’il évoque cette période où les connaissances en affaires lui manquaient. « Quand j’ai compris la fucking corrélation entre toutes les strates de l’industrie musicale, tout a commencé à avoir du sens. Par exemple, on appelle ça un gérant, alors que dans le fond, c’est juste un représentant des ventes. On essayait de me dire de ne pas trop changer, que ça allait affecter la business. Mais [dans toute autre industrie], en tant que représentant des ventes, si tu n’atteins pas ton quota, t’es viré! explique-t-il en riant. J’avais tout. J’avais le produit, la traction, j’avais juste besoin de jouer des shows. Mais j’étais trop au bottom of the top

Armé de ses connaissances du monde des affaires, le Montréalais a consacré la dernière année et demie à effectuer une refonte de son image, notamment avec l’aide des réseaux sociaux. Son fil de stories Instagram agit en quelque sorte comme une sitcom, intitulée Zach Joss in the Flesh, avec différents personnages attachants (tous joués par Forrest lui-même). « Il y a “le cowboy du risque”, une parodie du capitaliste québécois; Zach Bourdain, un foodie existentialiste; et le Contrarian Wine Reviewer, un gars qui aime sa coupe de vin remplie jusqu’au rim! » Pour Zach Montpetit, tout ce qu’il entreprend se résume par un triangle des priorités : la musique, les affaires et l'entertainment.

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Forrest est maintenant prêt à montrer à ses fans ce qu’il fait côté musique, à commencer par la vidéo pour son morceau Marlon Brando, sorti en 2013. En plus des sorties prévues plus tard cette année avec Anti-Anti, le groupe qu’il forme avec Nicolas Hamel, le producteur affirme avoir en banque plusieurs dizaines de chansons qui verront bientôt le jour.

Lorsque je lui demande s’il compte délaisser la musique dans le futur pour se concentrer sur les affaires, l’idée lui semble ridicule. « Ça sonne fucking prétentieux dit comme ça, mais pour moi, la musique transcende tout. C’est une passion. C’est pour ça que j’ai choisi le nom Forrest : c’est toujours le nom que je garderai. La musique restera toujours au cœur de ce que je fais. »

Anti-Anti seront au Piknic Electronik le 30 septembre prochain.

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