Comme un artiste, Chirac se vend mieux maintenant qu'il va mourir
Jacques Chirac se repose à bord du Concorde l'emmenant en Nouvelle-Calédonie. 18 septembre 1987. © Jack Garofalo / Paris Match

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Culture

Comme un artiste, Chirac se vend mieux maintenant qu'il va mourir

Le célèbre cliché de Chirac à bord du Concorde a dépassé toutes les estimations lors d’une vente aux enchères de tirages issus des archives photo de Paris Match.

Je crois qu’on a tous une relation particulière à Jacques Chirac. Une de mes meilleures amies, par exemple, le trouve incroyablement cool et stylé, même si je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. Apparemment, elle n’est pas la seule, à en croire la flopée d’hommages rendus à l’ancien président depuis quelques années, que ce soit pour son style vestimentaire, son amour de la bonne chère et son faible pour le sexe opposé, sa bonhommie, et tout ce qui fait vite oublier son piètre bilan économique ou ses magouilles. Personnellement, Chirac incarne l’image d’une France un peu désuète et naïvement fantasmée, sorte d’Amélie Poulain de la politique, mais, un peu comme le film de Jean-Pierre Jeunet, je me surprends parfois aussi à regarder avec affection parce qu’elle est un repère incontournable du paysage culturel français.

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« Il y a trois semaines, il était au Canada. Il y a quinze jours, aux Antilles. La semaine dernière, enfin, il a parcouru en trois jours l’Europe, les Antilles, l’Amérique du Sud et l’Océanie. Ce 18 septembre 1987, c’est à Nouméa, cinq jours après le référendum qui a décidé du maintien de la Nouvelle-Calédonie au sein de la France, que Jacques Chirac s’apprête à atterrir. Le Premier ministre, qui a mis un masque et des chaussons pour prendre quelques instants de repos, a parcouru 48 600 kilomètres en trente-sept heures à bord du Concorde. Un seul journaliste, Jack Garofalo, était à bord pendant ce marathon. de retour à Paris, l’homme d’État et le reporter se retrouveront le soir même au Zénith pour fêter la sortie du n°2000 de Paris Match. “Je ne veux pas rater ça”, a dit Chirac. » Cette légende accompagne la photo, en bonne place au panthéon des meilleures images du président le plus franchouillard de la Ve République, qui a raflé la mise à une vente aux enchères organisée par Paris Match mardi 3 mai dernier chez Cornette de Saint Cyr, au milieu de clichés de stars du cinéma à Cannes ou de la musique, de la chute du mur du Berlin ou de la guerre d’Algérie.

Le célèbre magazine français avait ainsi mis en vente 145 tirages issus de ses archives photos, dont fait partie le célèbre cliché de Jack Garofalo, estimé à 1500-2000€ — comme toutes les autres photos — et qui a remporté la meilleure enchère : 17 000€. Avec des photos en tirage unique et dimensions similaires, cette vente fait partie d’une valorisation du fonds d’archives de Paris Match, initiative menée depuis trois ans par sa directrice du développement photo, Agnès Vergez, et qui a donné lieu à des expositions et, pour la première fois, à une vente.

Sur le tournage du film “Le clan des Siciliens”, d’Henri Verneuil, dans les studios de Saint-Maurice. L’équipe du film pose dans les fauteuils de l’avion Boeing reconstitué, avec Lino Ventura, Alain Delon, Jean Gabin, Henri Verneuil, Karen Blanguernon, Irina Demick et Edward Meeks. Mai 1969 © Claude Azoulay / Paris Match

Si les clichés étaient vendus à des prix de départ plutôt bas, même pour des tirages de photojournalisme, la vente n’aura pourtant pas battu des records, avec un montant des ventes totales de « seulement » 327 000€. Finalement, c’est assez marrant de se dire que c’est l’image d’un président français, au repos et en voyage dans le symbole d’un échec commercial cuisant, qui l’a emporté sur celles de Picasso, des Beatles, de Brigitte Bardot ou Serge Gainsbourg, et même sur des photos de nibards.

Retrouvez les autres lots de la vente “Paris Match, la passion du photojournalisme” sur le site de la maison de vente aux enchères Cornette de Saint Cyr.