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Culture

POPPOSITIONS est le seul truc à retenir des Foires de Bruxelles

On était à Art Brussels pour se goinfrer d'art contemporain. Voilà ce qu'on a vu.

Poppositions 2016, vue générale

Encore un weekend sans dessus-dessous pour les amateurs d’art contemporain. Où donner de la tête entre carbonnades, fricadelles, triples fermentations et installations de tous genres. C’était bien à Bruxelles qu’il fallait courir partout, si l’on souhaitait en prendre plein les yeux. The Creators Project traverse la frontière, et jette un œil curieux à The Wrong Side. Foires à tout : on n’y voit rien
Les quatre foires principales de la capitale belge se démènent pour montrer ce qui se fait de plus neuf, dans les bâtiments désaffectés de Tour & Taxis et du Louise, dans l’immeuble Vanderborght près de la Grand-Place, ou encore au Dynastie au Mont-des-Arts. Art Brussels, Yia Art Fair, Independent et Off Course Young Contemporary Art rivalisent sur leurs capacités à investir tous les étages de lieux originaux, à présenter des galeries internationales, mais aussi à nous perdre parmi trop de stands. Les conseillers de vente et galeristes parlent fort (et bien) des œuvres qu’ils présentent à de potentiels acquéreurs de plus en plus nombreux. L’ambiance enivre jusqu’à nous étourdir, et l’on finit par tituber parmi toutes ces œuvres.

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On notera cependant les efforts déployés par Art Brussels pour permettre de respirer, en proposant une exposition à caractère historique — Cabinet d’Amis : The Accidental collection of Jan Hoet — et en offrant une place, pour la quatrième année consécutive, à des organisations à but non lucratif. Provenant de toute l’Europe, nous citerons parmi ces associations bénévoles le Bureau des Réalités (Bruxelles), le DOC (Paris), EKKM – Contemporary Art Museum Estonia (Tallin) ou encore le State of Concept (Athènes).

Le mauvais côté de POPPOSITIONS 2016
Un peu plus loin des monstres du marché de l’art (et des foires OFF, mises en place par les mêmes personnes), On pénètre avec enthousiasme dans les locaux de l’ancienne blanchisserie La Vallée pour y trouver la cinquième édition de POPPOSITIONS. Pas facile de qualifier avec exactitude la nature de l’événement, entre anti-foire, exposition, et plate-forme alternative. Ici, 25 structures associatives triées sur le volet présentent une cinquantaine de projets artistiques très pointus, ayant répondu au thème de cette saison : The Wrong Side.

Le trouble s’installe en observant les propositions. Les codes et acquis du monde de l’art (que l’on pensait immuables) sont ici pointés du doigt, mis en porte-à-faux, et reconfigurés. Parfois plus largement, on se surprend à rêver d’un système socio-économique meilleur, presque convaincus que c’est encore possible. On passe quelques instants… de l’autre côté.

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Les liens se resserrent entre collectionneurs et artistes grâce au projet Contrat clé en main - Turnkey Contract du collectif de commissaires d’exposition Curate It Yourself. On dépasse le simple échange monétaire puisqu'ici, l’acheteur s’engage à répondre à l’artiste dont il a acquis une œuvre, cette réponse constituant l’activation de l’œuvre elle-même. Si les relations marchandes redeviennent humaines et se frottent au troc d’idées via ce protocole d’acquisition, Curate It Yourself entraine aussi une réflexion sur le rôle pivot et essentiel du collectionneur au sein du monde de l’art. (Artistes présentés : Maxime Boutin, Paul Lahana, Edouard Lecuyer, Mountaincutters, Davide Mancini Zanchi)

Deborah Bowmann représente Jean-Baptiste Carobolante, Poppositions 2016 - The Wrong Side

La vraie-fausse galerie, boutique, image de marque et identité artistique Deborah Bowmann était  aussi présente à La Vallée. Perchés sur leur desk contreplaqué gris chromé, les deux artistes Amaury Daurel et Victor Delestre singent le duo d’entrepreneurs-galeristes en costume gris et oreillette bluetooth, arrivistes et ambitieux, autant désireux de se faire un nom qu’une belle image. Nous l’aurons compris, pastiche et parodie pointent du doigt les limites du système occidental de l’art contemporain, ainsi que les frontières poreuses qui le séparent du monde de la mode ou de l’entreprise. L’entité Deborah Bowmann rejoue à loisir les codes du marketing de luxe, et présente pour cette occasion le travail cristallin de Jean-Baptiste Carobolante.

Juste en face, l’artiste Life as Art as Attitude présente via le BAD (Brussels Art Department) son nouveau projet aux apparences d’une plateforme en ligne : Art by Friend Request. Graphiquement proche du site Facebook, et réalisée en écho à nos propres systèmes d’échanges désincarnés, cette interface vise à regrouper des artistes collaborant ensemble. À la fois vitrine d’œuvres et rouage encourageant les collaborations, Art by Friend Request surprend par sa simplicité et sa justesse de ton.

Life as Art as Attitude présente Art by Friend Request, point de départ de nombreuses collaborations

De nombreuses autres propositions artistiques de qualité pourraient encore être mentionnées dans cette revue de POPPOSITIONS. Sans cloisonnements des stands, les projets se répondent entre eux sans jamais se confondre, dans l’espace savamment mis en scène par les organisateurs bénévoles. Fuyant les apparences et l’ambiance d’une foire traditionnelle, les organisateurs encouragent physiquement un dialogue à multiples entrées pour repenser l’état actuel de notre société.